Sous la clémence des cieux
A l’aurore, depuis les fenêtres de l’Auberge de Jeunesse de St Martin
des Olmes, le ciel révélait sur la vallée de la Dore une étonnante
clarté qui contrastait sensiblement avec les prévisions météo. A 8 h 30
précises, les vététistes prenaient le départ sous un franc soleil,
pressés de gravir le Col des Pradeaux (alt. 1196 m) pour entamer au plus
vite le suivi des crêtes du Forez avant l’arrivée de la pluie annoncée à
la mi-journée. Au Puy de Sancy, distant d’à peine 50 km à vol d’oiseau,
l’humidité recouvrait déjà les pentes des volcans et la température
avait chuté de plus de 10° C. Chacun s’attendait donc, presque résigné,
à ce que le ciel finisse par nous tomber sur la tête. Au Col des
Supeyres (alt. 1366 m), de larges formes obscures entouraient les frêles
silhouettes de nos cyclistes au sud, à l’est et à l’ouest, les giboulées
devenaient imminentes … Et pourtant, une fois encore, l’épopée restait
résolument sèche. Dans la solitude des Hautes-Chaumes, dans un air vif
et frais, baigné d’effluves subalpines de landes à callune et de
genévrier, parsemés de jonquilles à peine fanées, une rare impression
d’immensité gagnait tout le peloton. Le calme et la profonde ivresse de
cette « montagne-mémoire » où l’histoire se lit dans les tourbières ne
laissait personne indifférent. L’objectif du sommet de Pierre Sur Haute,
à 1634 m d’altitude, point culminant du voyage fut rapidement atteint,
puis à vive allure, le Col du Béal (alt. 1390 m) alors que déjà, des
rideaux de pluie recouvraient les sommets tout juste dépassés. Les
derniers kilomètres furent un pur plaisir de pilotage sur des sentiers
ludiques au cœur de forêts profondes et de tourbières éparses sous une
voûte de plus en plus menaçante. A peine le gite confortable du chalet
du Col de la Loge, objectif du jour, fut il rejoint, que la pluie tant
redoutée jusqu’alors, se mit à tomber avec vigueur accompagnée de brumes
et d’une surprenante baisse de température. Tant de bonne fortune pour
tant de mauvais présages, on en finirait presque par croire en la
bienveillance de l’esprit du Forez. Bien à l’abri, toute l’équipe s’est
alors réunie pour un bilan collectif riche d’échanges entre les
participants et les stagiaires unanimement satisfaits de cette
expérience unique. Dernière soirée chaleureuse avant l’ultime étape
presque exclusivement descendante jusqu’au centre des 4 Vents à Aubusson
d’Auvergne. |