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CREPS Sud-Est - Qualification complémentaire - Kayak de mer
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Sagesse et humilité - Science incertaine par excellence, la météo révèle bien des surprises à ceux qui la scrutent et tentent de la prédire. Ce matin, alors que les différents bulletins annonçaient la veille du nord-est force 4 à 5 beaufort pour la journée, il en fut tout autrement à l'aurore, le pavillon du Fort d'Antibes au dessus du CREPS flottait porté par une légère brise d'ouest. Autrement dit, nous risquions d'avoir des vents de face contre une houle résiduelle d'Est bien formée après une nuit particulièrement agitée avec des rafales à près de 50 noeuds. Pourtant, l'avis de grand frais était toujours en cours et le bulletin du CROSS MED diffusé toutes les demi-heures sur le canal VHF 80 maintenait sa prévision de nord-est, ajoutant même que cela pouvait monter jusqu'à 7 beaufort, passagèrement 8 dans la journée. - Dans les deux cas - vents d'ouest ou forts vents d'est - la situation n'était pas des plus avantageuses pour envisager notre périple jusqu'à Boulouris. Malgré tout, nous décidions de partir et à 9 h 30, toute la flotte quittait le CREPS d'Antibes avec pour objectif de rallier le CREPS de Boulouris 22 milles nautiques plus au sud-ouest. Dés la sortie du port, il fallut affronter jusqu'au cap d'Antibes une très forte houle d'est longue et creuse de 2,50 m à 3 m, mais avec un vent variable quasi nul. Le cap franchi, la conduite du groupe - assumée par une équipe de 3 personnes - était confiée à une nouvelle triplette disposant d'objectifs préalablement décrits et des cartes correspondant afin de suivre des caps précis au compas. Contrairement aux prévisions, la houle était orientée est-sud-ouest, et rentrait donc dans le Golfe Juan avec un cortège de déferlantes aux panaches impressionnants. La flotte naviguait groupée afin de pouvoir intervenir en cas d'avarie ou de dessalage au large. Bientôt, la tourelle isolée de la Fourmigue était dépassée par le sud et la flotte rejoignait les îles de Lérins à l'abri au nord de l'île Ste Marguerite. Un incident technique sur un kayak nous obligea à séjourner un peu plus que prévu sur l'île le temps de la réparation et d'une courte pause déjeuner. Ce fut le seul moment ensoleillé de la journée. - Rapidement saisis par le froid, les kayakistes repartaient sans tarder cette fois pour la grande traversée au large de Cannes du Golfe de la Napoule. Les stagiaires devaient atteindre un lieu précis et adopter le cap idéal pour y parvenir. La traversée couvrait une distance d'environ 4 nautiques. Mais bien vite, dés la protection des îles de Lérins dépassée, la flotte se retrouvait à nouveau exposée à une houle de plus en plus formée cette fois accompagnée par un fort vent de nord-est cinglant et glacial. Plus les côtes de l'Esterel se rapprochait, et plus cette houle se creusait, accompagnée de déferlantes menaçantes. Il fallut gérer plusieurs esquimautages et dessalages qui occasionnèrent des exercices de secours en situations réelles. - Une courte pause dans le petit port de la Galère à Théoule permit de faire un bilan. Les mines étaient tirées, trahissant une certaine fatigue et une vigilance clairement affectée, le sel recouvrait les paupières et le froid vif interdisait toute pause trop longue. Comme l'entrée, la sortie de ce petit port fut très sportive et agitée comme le premier mille le long de la côte de l'Esterel. Finalement, après plusieurs déséquilibres et confrontations avec de longues et puissantes déferlantes arrivant par le travers quasiment sans crier gare, il fut décidé de mettre un terme provisoire à cette navigation d'autant que la côte à venir était dénuée de tout abri et jonchée d'écueils délicats à franchir par une mer désormais établie à 7 beaufort. - Dés la Pointe de l'Esquillon franchie, la flotte regagnait donc - à 16 h - le petit port de Miramar où elle put être récupérée grâce à la spontanéité de collègues formateurs du CREPS de Boulouris. - Pleine d'enseignements, cette navigation dans des conditions exceptionnelles aura sensibilisé de manière particulièrement efficace tous les stagiaires de cette qualification complémentaire spécifique au kayak de mer. Parmi ces enseignements, celui de l'impérieuse sagesse que les marins doivent adopter en de telles circonstances et de l'humilité dont ils doivent faire preuve envers les éléments. Cette décision fut d'autant plus sage que l'affaissement de la dépression nous laisse espérer des conditions moins fortes demain afin que nous puissions terminer notre périple en repartant de Miramar pour rejoindre Boulouris. |